Toute représentation touchant de près ou de loin aux atrocités de la seconde guerre mondiale et en particulier à l’extermination des Juifs [5], est cernée par deux idéaux : la vérité et la justice. L’horreur de ces crimes ne peut être atteinte qu’à l’aide de signes forts, au risque d’une certaine « obscénité ». L’impératif de vérité implique de tout dire, d’administrer la preuve que les événements se sont déroulés ainsi, malgré le coût affectif, la souffrance, et l’éventualité d’un effet pervers : la jouissance éprouvée à la violence subie par autrui [6]. Le souci de justice cadre cette volonté de savoir.
L’œuvre fictive n’échappe pas à ce dispositif. Documentaire ou fiction, on fabrique toujours du texte et de l’image, un geste porteur de responsabilité. Pour ce qui est du cinéma, on oscille entre le pôle hyper-moral de l’écoute des tém[...]
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[1] On peut aussi bien utiliser le signifiant « Shoah », « Catastrophe », proposé par Claude Lanzmann dans le film éponyme. L’expression utilisée par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, 1985, traduction française en 1988, affirme que le génocide est un fait historique susceptible d’être décrit et analysé selon les procédures classiques de la recherche historiographique. On peut lire aussi, du même Raul Hilberg, Exécuteurs, victimes, témoins, Paris, Gallimard, 1994 (original 1992). L’historiographie de la Shoah est énorme ; mais le travail monumental de Raul Hilberg occupe une place fondamentale.
[2] Cf. mon essai Télé, bagnole et autres prothèses du sujet moderne, Ramonville, Érès, 2011, chapitre 5, p. 171-207.
[3] On peut aussi bien utiliser le signifiant « Shoah », « Catastrophe », proposé par Claude Lanzmann dans le film éponyme. L’expression utilisée par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, 1985, traduction française en 1988, affirme que le génocide est un fait historique susceptible d’être décrit et analysé selon les procédures classiques de la recherche historiographique. On peut lire aussi, du même Raul Hilberg, Exécuteurs, victimes, témoins, Paris, Gallimard, 1994 (original 1992). L’historiographie de la Shoah est énorme ; mais le travail monumental de Raul Hilberg occupe une place fondamentale.
[4] Cf. mon essai Télé, bagnole et autres prothèses du sujet moderne, Ramonville, Érès, 2011, chapitre 5, p. 171-207.
[5] On peut aussi bien utiliser le signifiant « Shoah », « Catastrophe », proposé par Claude Lanzmann dans le film éponyme. L’expression utilisée par Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, 1985, traduction française en 1988, affirme que le génocide est un fait historique susceptible d’être décrit et analysé selon les procédures classiques de la recherche historiographique. On peut lire aussi, du même Raul Hilberg, Exécuteurs, victimes, témoins, Paris, Gallimard, 1994 (original 1992). L’historiographie de la Shoah est énorme ; mais le travail monumental de Raul Hilberg occupe une place fondamentale.
[6] Cf. mon essai Télé, bagnole et autres prothèses du sujet moderne, Ramonville, Érès, 2011, chapitre 5, p. 171-207.