Avertissement au lecteur : un entretien avec Serge Pey est forcément une entreprise de frustration. Parce que l’écrit ne peut reproduire la voix ni l’accent chantant de ce Toulousain revendiquant son occitanisme ; parce que la retranscription rend mal compte de la fièvre de sa parole toujours incarnée dans le corps, toute en associations, références érudites et digressions « poémologiques ». Il aurait pourtant été scandaleux de nous priver et de vous priver de cette parole. Ce poète souvent affublé de l’étiquette réductrice de performer arpente la géographie et l’histoire du poème universel. On the road, cet enfant des troubadours, du flamenco et des républicains espagnols croise Allen Ginsberg, Félix Marcel Castan, Julian Beck, Bernard Lubat, Armand Gatti… Une geste de gestes, d’actions, de paroles, d’écrits qui fondent une poétique immémoriale et profondément singulière, une éternelle quête de l’inconnu plutôt que du « nouveau ». Lisez-le, allez le voir : sa parole est antidote contre le bruit de fond, l’incessant bavardage qui pollue notre monde et voudrait faire taire l’humain.
Vous avez publié il y a quelque temps Lèpres à un jeune poète [1], œuvre de transmission de la poésie telle que vous la voyez et la vivez. Mais vous, qui vous a transmis ?
Serge Pey : Les analphabètes… Et l’école. Enfant, j’écoutais le[...]
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[1] 1. - Lèpres à un jeune poète-, Toulouse, Délit éditions, 2010.