Philosophe, directeur de recherche au CNRS, Marie-José Mondzain a consacré une large partie de sa réflexion à l’image : « Qu’est-ce que voir ? Qu’est-ce que dire ce que l’on voit ? Qu’est-ce que faire voir ? Qui dit ce qu’il faut voir ? ». Engagée notamment auprès de l’Appel des appels, elle défend l’art et la culture comme condition de l’existence du politique et de la formation du sujet.
Il semblerait qu’une partie de la gauche ait baissé les bras sur ce pour quoi nous nous battons depuis des décennies : l’art en prise sur la société, la démocratisation et la démocratie culturelle.
Comme si une grande partie des militants avait finalement ingéré ce qu’on cherche à nous faire avaler depuis la fin des années 1970, sous Giscard : l’idée que, finalement, la démocratisation culturelle a été faite par le marché. C’est frappant dans les milieux altermondialistes, où la culture est le repos du militant ! L’idée qu’elle soit un vecteur essentiel de la transformation sociale est trop souvent ignorée…
La désastreuse loi Hadopi a eu aussi cet effet pervers : les artistes ont été perçus comme des privilégiés défendant leurs privilèges. L’idée se répand que la culture n’est plus un lieu de combat, mais qu’elle est devenue le terrain de jeu des « bobos » voire, pour être simpliste, de l’ennemi de classe. Il nous semble important de nous emparer de ce débat, précisément parce que nous sommes critiques non seulement vis-à-vis du marché, mais face à une dérive marchande de l’institution culturelle.
Marie-José Mondzain : On voit en effet une montée du populisme liée à un effondrement politique. Si l’on parvient à penser cette question du populisme, on créera des outils pour repenser une distinction entre les gestes artistiques qui sont solidaires d[...]
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