Linguiste et titulaire de la chaire de rromani à l’Inalco, Marcel Courthiade est aussi commissaire aux droits linguistiques de l’Union rromani internationale. Un fil dialectique traverse ses recherches et son discours : la culture rrom est faite de multiplicité, de singularités, d’innombrables échanges, sans jamais perdre l’unité fondamentale qui lui est souvent déniée. Et si les Rroms, que l’Union rromani internationale définit comme une « nation sans territoire », étaient les plus européens des Européens ?
Il y a un paradoxe dans notre perception des Rroms : leur culture exerce une fascination que l’on retrouve dans la littérature et qui est aujourd’hui valorisée par quelques grands noms de la musique et du cinéma… Et, parallèlement, les Rroms vivent la stigmatisation, l’expulsion et un déni de leur singularité. Comment analysez-vous cette situation ?
Marcel Courthiade : Il y a deux façons de nier une identité : soit on l’arase au bulldozer – ce qui est quand même un peu trop voyant aujourd’hui ! –, soit on détruit les unes après les autres les racines de son arbre commun : l’histoire, la langu[...]
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