Je donne personnellement une grande importance à l’art du Clown. J’ai le sentiment qu’il s’agit d’un apprentissage sublimé de la difficulté à devenir un humain, le dévoilement de nos défaillances dans notre processus de construction et l’acceptation de ces défaillances. Ce sont pour moi des virtuoses de la maladresse. Dans ce sens, c’est l’inverse de la machinisation de tout, une forme spécialement puissante de résistance à l’uniformisation des êtres et une revendication de l’inadaptation, de la gaucherie. Un rappel de ces obstacles qu’on rencontre dans l’enfance et qu’on masque ensuite le plus possible en tant qu’adultes. C’est pourquoi je pense que le Clown est un symbole très important de notre humanité. J’ai donc souhaité poser quelques questions à une clowne contemporaine que j’apprécie particulièrement, Joanna Bassi.
(Dans cet entretien clown est féminisé en clowne, selon le souhait de Joanna).
Joanna, tu fais partie d’une grande famille de circassiens depuis plusieurs générations, tu as grandi et appris le métier à une période où le Cirque était en pleine transformation. Comment les choses ont-elles évolué depuis ton enfance, du point de vue du mode de vie, du travail artistique et du rapport au public ?
Je proviens d’une tradition ancienne, mais je suis également de la génération qui a vu naître les écoles de cirque, parallèlement à nos vies itinérantes.[...]
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