Jack Ralite vient de nous quitter au terme d’une vie vraiment bien remplie. Cet homme simple et érudit a été pour nous un exemple et un allié de très grande qualité dans le combat qui nous a été (et nous est) commun pour la reconnaissance de l’importance de l’art et de la culture dans notre société. En manière d’hommage à son action depuis la Ville d’Aubervilliers - avec, entre autres, le Théâtre de la Commune - jusqu’aux États Généraux de la culture en passant par de nombreuses initiatives (sans oublier son ministère dans le premier gouvernement Mitterrand), nous republions ici un entretien réalisé avec lui par Samuel Wahl en avril 2012. On y retrouve son intelligence, son engagement, son amour des êtres et de la culture. C’était à la suite d’une des manifestations que Cassandre/Horschamp avait organisées au Théâtre Monfort à Paris où nous partagions des moments artistiques et en parlions librement ensemble. Il nous avait fait le bonheur de nous y rejoindre impromptu et de prendre la parole pour un très beau discours[...]
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Il y a des rencontres essentielles dans la vie qui font que lorsque vous en sortez vous êtes différent. C’est ce qui s’est passé quand j’ai rencontré Jack Ralite au début des années 70 lors d’une exposition d’affiches politiques. J’étais un jeune cinéaste et je venais de réaliser un court métrage,"l’Agression". Il s’agissait de l’agression d’un travailleur immigré assassiné par trois jeunes gens. Ce "fait divers"avait fait l’objet d’un court entrefilet dans ’le Monde" et j’en avait fait un film court qui avait aussitôt été interdit par la commission de censure du centre national du cinéma.
Lors de cette exposition Jack s’est tourné vers moi et m’a dit ; Tu vois il manque sur ces murs une affiche ;"L’Affiche Rouge" et j’ai lu dans son regard l’expression de quelque chose d’extraordinaire qui d’une certaine manière a changé ma vie de cinéaste. En m’invoquant la vie de Missak Manouchian et des résistants immigrés, de cette affiche rouge collée sur les murs de Paris par les services de propagande de la gestapo, il me mettait sur la voie d’un film qu’il était urgent de réaliser.
Quand Jack s’adressait à vous, chacune de ses paroles était chargée de son poids de désir, toujours reliée à une histoire, à une expérience humaine. Tout comme Missak Manouchian ,Jack était tourné vers la vie et il a toujours été pour moi un exemple. J’ai eu la chance de le connaître.
frank cassenti