Jean-Jacques Delfour est en colère. Bon, ça lui arrive quelquefois, et très souvent à raison. Mais cette fois, nous ne savons pas du tout s’il faut ou non partager sa colère : nous n’avons pas vu le documentaire en question, qui semble passablement louangé par ailleurs. Nous lui laissons donc l’entière responsabilité de ses propos !
La rédaction.
Ce documentaire cherche à montrer la vie intime de deux adolescentes durant cinq années de leur vie. Projet quasiment impossible : l’intimité montrée n’est précisément plus intime. La vraie intimité est celle qui n’a aucun témoin. Il est impossible d’oublier la caméra, il est impossible d’être naturel dans un contexte rendu artificiel par le filmage. Si bien que les deux jeunes filles travaillent à fabriquer une image intimiste d’elles-mêmes. Sommées de ne pas jouer, d’être naturelles, devant Lifshitz, le chef-op, le preneur de son et l’assistant, elles peuvent s’efforcer d’être naturelles, produire des signes qui persuadent le spectateur qu’elles ne font pas semblant. Chacun suppose que l’intimité filmée se rapproche de la vraie intimité. Mais il est impossible de convertir cette croyance en savoir.
Le film emploie des tactiques destinées à faire croire à la spontanéité. La plus visible est le gros plan cadré visage. Sébastien Lifshitz avance que cela permet d’être au plus près de l’intime : une technique d’encerclement et de f[...]
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