Michel Butel nous a quittés ce 26 juillet. L’inventeur de L’Autre journal en 1984, une des plus belles, des plus libres et des plus exigeantes aventures de la presse française (et sans doute mondiale), a poursuivi son rêve jusqu’au bout. Après Encore en 1992, puis L’Azur en 1994, il avait lancé en 2012 L’impossible un nouveau journal plein de cet esprit d’utopie, dont de graves problèmes de santé l’obligèrent à interrompre la parution un an plus tard. Michel Butel n’était pas un journaliste comme les autres, c’était un vrai inventeur. Il était l’ami, entre autres, de Marguerite Duras, de Gilles Deleuze et Felix Guattari et il avait obtenu en 1977 le Prix Medicis pour L’autre amour, publié au Mercure de France, un roman mais aussi une profonde réflexion sur l’époque.
Nous suivions depuis longtemps les pérégrinations de cet idéaliste têtu, cet aventurier de la fulgurance qui affirmait la nécessité de ne pas renoncer à la beauté de l’idée et du geste, dans un univers de la presse déjà très abîmé [...]
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L’Azur, l’Autre Journal, puis l’Impossible ont été des revues dans lesquelles je piochais mes doses de liberté de ton et de pensée, toutes couchées dans une joyeux désordre pendant des années au pied de mon lit. Il y avait certes dans ce désordre d’exaltantes bouffées d’une mélancolie si paradoxalement revigorante que j’avais l’impression de lire le courrier d’un ami que je ne connaissais pas autrement que par le secret du courrier qu’il semblait m’adresser. Merci à vous, l’Insatiable, merci à Valérie et à toi Nicolas, de nous faire entendre cette conversation avec Michel Butel.
Jean Pierre Brière