Nos amis lecteurs commencent à bien connaître les travaux du très remarquable collectif Les Allumeur.e.s, produits à Aubervilliers à la Villa Mais D’ici, et aussi dans la Drôme et beaucoup d’autres lieux. Ces importantes et fortes aventures humaines et artistiques continuent de plus belle. On peut les suivre grâce à des podcasts qu’ils et elles diffusent régulièrement ici-même, sur La Fontanelle, où habitants et artistes ont
la parole. Voici donc Par Ici la Mon(n)aie 2024, un nouveau podcast réalisé par Les Allumeur.e.s avec les habitant.e.s du quartier de la Monnaie, à Romans sur Isère.
(Lien ici et plus bas dans le texte)
Par ici la Mon(n)aie, projet de co-création dans l’espace public du groupe Les Allumeur.e.s, est à la frontière de l’art environnemental et de l’art relationnel. À la fois territorial, social et artistique, il met en relation les artistes des Allumeur.e.s avec des structures sociales, leur public, et des habi-
tant.e.s du quartier Est de la ville de Romans sur Isère. Par Ici la Mon(n)aie rompt allègrement les conventions habituelles de l’art et affirme des pratiques transversales, en faisant intervenir des personnes qui ne se sentent pas habituellement autorisées à exister artistiquement.
C’est en quelque sorte une grande improvisation collective qui fait surgir un environnement visuel, social, humain, en mouvement. Une radieuse réinterprétation du monde à plusieurs imaginaires.
Démarré en 2021, ce travail se poursuit en 2024 avec un projet d’art visuel, sonore et performatif autour de ce qu’on nomme « l’identité » à l’heure où les problématiques dites identitaires résonnent parfois un peu étrangement dans notre société. Cette fameuse identité est-elle figée, ou ne s’agit-il pas plutôt d’un processus mouvant ? Comment se protéger des notions excluantes, réductrices et stigmatisantes qu’elle peut induire ? Qu’est-ce que la construction identitaire ? Quelle perception de soi-même, une société qui pousse à l’individualisme autorise-t-elle ?
Évidemment, les travaux de Pierre Bourdieu autour des concepts de capital culturel et d’habitus, nous ont aidés à mieux percevoir les contraintes et les assignations dans lesquelles sont pris nos contemporains. Mais c’est surtout L’identité-relation, chère au grand philosophe et poète Édouard Glissant, qui est au cœur de notre démarche, avec sa notion de créolisation : le troisième élément inespéré que suscite la rencontre.
L’objectif de ce nouveau volet est de faire apparaître et d’entretenir un esprit d’hospitalité patri/matrimonial et non-marchand. Fabriquer des itinéraires différents dans un quartier, imaginer un autre rapport à la ville en renforçant le pouvoir d’agir du collectif, de façon à ce que l’espace public puisse devenir le lieu d’une existence collective en évolution. Une création à ciel ouvert à laquelle chacun peut contribuer, pour en modifier la perception.
Changer le regard porté, faire une percée dans le brouillard et le mauvais temps du monde, réécrire l’histoire avec les premier.e.s concerné.e.s pour que quelque chose d’autre se dise, s’invente, s’écrive.
Faire raisonner son (nos) existence.s, sa (nos) voix, sa (nos) colère.s, son (nos) désir. s. et ses (nos) rêves, ses (nos) perspectives d’avenir radieux en prenant en compte le contexte (social, politique, géographique), et, bien sûr, en conservant la liberté d’une réflexion critique. Enfin, révéler ce qui en fait est déjà là, de la culture, des imaginaires, de la pensée politique, des intuitions, du commun, de la solidarité nécessaire, et de ce que le langage politique nomme le lien social.
Concrètement, il s’agit d’un parcours d’œuvres photographiques et sonores exposées de manière pérenne in situ dans le quartier de la Monnaie, qui se décline en un dispositif d’installation, mais également d’un podcast que vous pourrez retrouver ici, sur notre webradio La Fontanelle.
À partir de nombreux micro-trottoirs réalisés par les jeunes de la Prévention spécialisée dans le quartier, mais aussi de séances de réflexions et d’expérimentations sonores, nous vous proposons aujourd’hui une visite du quartier de la Monnaie sous l’angle de ceux et celles qui y vivent au travers du thème de cette co-création : l’identité.
Podcast réalisé par Nacaja Apo Xtazica et Catie Evezard à partir d’entretiens menés par les jeunes de la Prévention Spécialisée dans le quartier de la Monnaie, accompagnés par Christophe Moy et Zsazsa Mercury des Allumeur.e.s. Webmaster : Sébastien Barreras.
Projet soutenu par la DRAC Auvergne Rhône Alpes, le dispositif Quartier d’été et Valence Romans habitat.
Les Allumeur.e.s sont un groupe d’action artistique investi dans une démarche culturelle très sérieuse et joyeusement militante. Elles et ils défendent un art tourné vers la transdisciplinarité et l’aléatoire dans l’optique de « désacraliser » l’artiste et son œuvre. Considérant l’art comme un outil majeur de dialogue, les Allumeur.e.s prônent un art accessible à tous.tes par le biais de co-créations, en prise directe avec le réel, entre esthétique et politique, qu’ils mènent sur différents territoires depuis plus de quinze ans.
Ils s’adressent de manière privilégiée à des publics éloignés de l’offre culturelle classique. L’idée-force est d’utiliser des médiums artistiques pour valoriser à la fois les singularités et l’universalité. Ce travail à la frontière de l’artistique et des sciences sociales, croisé avec un protocole d’élaboration collective, vise à créer une proposition cohérente à partir d’objets hétérogènes. Un dialogue s’instaure entre les œuvres, miroirs des croyances et de l’histoire de chacun.e. Assemblées, elles figurent un objet métissé à l’image de nos sociétés, ouvertes sur le monde. Une façon de se décentrer et de mener un travail en relation plus étroite avec la population dans une certaine durée. Les Allumeur.e.s souhaitent que leurs co-création permettent à chacun d’échanger, de se questionner et d’interroger son propre rapport à l’art, à l’autre et au monde, faisant lien entre l’intime et le commun.
Passer du geste à la parole et de la parole au geste jusqu’à la production d’une installation, de performances, assorties d’une édition et de rencontres.
Après avoir passé le cap du numéro 10, on continue notre chemin. On a manifesté en soutien au peuple palestinien, contre la loi immigration, et pris part à des rassemblements contre ...lire la suite