L’écrivain russe Boris Pasternak, invité à une conférence officielle sur la littérature organisée par le gouvernement au moment des procès de Moscou, hésita à s’y rendre : il savait qu’il serait arrêté s’il parlait mais qu’il le serait aussi s’il n’y allait pas. Il y alla finalement, resta très longtemps silencieux, ses amis le pressaient de dire quelque chose… Finalement il ne prononça, le deuxième jour, qu’un seul et unique mot : « trente-deux ».
À cet instant, on entendit une voix, une autre, un murmure d’abord, qui s’amplifie de l’un à l’autre, puis tous ensemble le public de la salle entière se mit à réciter en chœur, d’un même souffle, le trente-deuxième des sonnets de Wi[...]