C’est la première création du Teatro de los Andes depuis leur douloureuse séparation d’avec Cesar Brie, fondateur et sur-père de la troupe qui vit en Italie depuis trois ans. « Nous avons été obligés de déménager sur l’autre partie de notre terrain, et vivons désormais dans une partie sans source d’eau. Nous avons creusé pour construire un puits, mais n’avons rien trouvé. » Ce qui explique, en partie, selon eux le déluge qui coule de la table inclinée qui porte le cadavre d’Ophélie. Mais il y a, bien sûr, également une référence au souci général autour de l’eau, sans parler de la noyade de la belle…
C’est la première création du Teatro de los Andes depuis leur douloureuse séparation d’avec Cesar Brie, fondateur et sur-père de la troupe qui vit en Italie depuis trois ans. « Nous avons été obligés de déménager sur l’autre partie de notre terrain, et vivons désormais dans une partie sans source d’eau. Nous avons creusé pour construire un puits, mais n’avons rien trouvé. » Ce qui explique, en partie, selon eux le déluge qui coule de la table inclinée qui porte le cadavre d’Ophélie. Mais il y a, bien sûr, également une référence au souci général autour de l’eau, sans parler de la noyade de la belle…
Teatro de los Andes est donc de retour, avec « Hamlet, de los Andes », une pièce qui joue avec l’œuvre de Shakespeare comme si elle la ruminait de façon obsessionnelle, à travers le rapport au père et les valeurs d’honnêteté et de moralité, tant de fois trahies par les personnages de la tragédie. Ca commence comme une séance chez le psy, autour du cadavre du père, rapport charnel, voire carnivore inclus.
Ce qu’a vécu la troupe de Sucre en Bolivie, n’est comparable qu’au traumatisme des danseurs de Pina Bausch après le décès de la grande dame de Wuppertal. Mais les Boliviens savent le surmonter avec autodérision et parlent ouvertement de leurs états d’âme. Ils règlent leurs comptes avec l’attentisme en se coinçant dans un cadre de porte, en constatant que « ça fait vingt ans que nous sommes là. » Pour la simple raison que chacun attendait que quelqu’un d’autre bouge en premier.
Et s’ils sont loin de vouloir dire que leurs décennies avec Cesar Brie étaient des années perdues, leur message-clé est : « Il faut savoir se regarder en face ». Pour mieux y arriver, ils ont invité un dramaturge et metteur en scène extérieur à la troupe, le Bolivien Diego Aramburo. Et leur façon de tuer le père est aussi honnête que morale et constructive : Ils sont meilleurs qu’avant ! Ecriture, jeu, concept, tout… si l’on compare avec la dernière création pour la salle avec César Brie, en un sol amarillo ». Teatro de los Andes n’est pas mort, il continue de se battre de plus belle, à travers un Hamlet indigné et révolté, un Hamlet qui a du chien, qui mord, malgré lui.
Hamlet n’est pas complètement absent non plus chez la troupe équatorienne Muegano Teatro. Le metteur en scène, Santiago Roldos, n’est autre qu’un des enfants du président équatorien Jaime Roldos Aquilera, mort dans un crash d’avion en mai 1981, probablement pour avoir déplu au CIA américain en refusant aux compagnies américaines l’accès aux réserves pétrolières du pays.
Dans « Karaoke orquestra vacia », les rapports père-fils sont évoqués, et avec eux la politique du continent, à travers la répression du syndicalisme et des dictateurs-séducteurs grotesques. « Cette pièce ne prend aucune responsabilité des opinons politiques qui y sont exprimées », préviennent-ils. Tableaux muets burlesques ou tragiques, cabaret grotesque et poétique, souvenirs personnels : la déconstruction atteint la violence d’Heiner Müller dans « Hamlet Machine » et la compagnie se reconnaît, en effet, des références de Brecht et Müller.
Le trio évoque tous les mythes occidentaux, mais fait surgir aussi les démons du continent, à savoir les disparus et ces dictateurs grotesques qui promettent sans cesse une « refondation totale de tous les rapports sociaux. » Mais s’ils reviennent à Brecht, c’est « à travers son inspiration latine, à savoir le fait de travailler en troupe », préviennent-ils. Leur cabaret grinçant ressemble plutôt à Müller, revu à travers l’espièglerie sud-américaine.
Thomas Hahn