C’était une gageure de mettre en scène ce texte beckettien La Disparition du paysage, de Jean-Philippe Toussaint (2021). Quel désir et quelle détresse ont présidés à cet étrange récit ? Peut-être pour stranguler l’angoisse, qui asphyxie à peu près tout le monde depuis la décennie passée, depuis les attentats contre les corps et contre les institutions (les chefs d’État qui assassinent les services publics par exemple). Une immense violence, plus ou moins visible, se répand partout : le monde est menaçant ; que demandons-nous à l’art ? De nous rassurer ? Et comment peut-il parvenir à ce prodige ?
« Retenir ferme ce qui est mort est ce qui exige la force la plus grande. L’esprit n’est cette puissance qu’en tant qu’il regarde en face le négatif et convertit ce négatif en l’être » (Hegel, Phénoménologie de l’esprit, préface, p. 80 dans la traduction Vrin)
Toute œuvre littéraire, toute œuvre d’art, s’efforce de retenir solidement dans la vie ce qui est mortel. Ce conservatisme fondamental est tout à fait compatible avec des œuvres t[...]
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