Jean-Pierre Rosnay, poète et fondateur du Club des poètes, nous a quittés dans la nuit du 19 décembre. Il était le père de Nicolas Roméas, directeur de Cassandre/Horschamp.
Je ne l’ai croisé que tardivement, dans l’antre poétique de la rue de Bourgogne, où Marcelle/Tsou son épouse et Blaise, son autre fils, entretiennent la flamme. Et où sa maladie n’empêchait pas Jean-Pierre de se lever et de déclamer l’un de ses poèmes. On retenait alors difficilement son émotion...
Ils sont nombreux, les poètes en devenir, à s’être côtoyés depuis 1961 dans ces soirées chaleureuses où la poésie s’extrayait des pages pour être partagée vivante. Où chacun pouvait dire ses poèmes et ceux des autres ; où les fantômes des grands anciens, de Villon à Rimbaud, de Cendrars à Césaire, veillaient les vivants, de Depestre aux jeunes poètes.
En un temps qui semble aujourd’hui incroyable, où la poésie avait droit de cité sur les grands médias, c’est aussi à la radio et à la télévision que Jean-Pierre Rosnay animait le "Club des poètes".
Cet ancien résistant, passé par les maquis de Haute-Savoie, connaissait aussi le pouvoir de résistance par les mots. Il n’a cessé d’opposer aux formes de barbarie plus soft que nous vivons désormais, les armes de l’imaginaire. Et a passé le témoin à ses enfants, qui chacun à leur manière – Blaise au Club des poètes, Nicolas à Cassandre/Horschamp, Violaine et Sabine dans l’art de la marionnette, continuent le combat...
Courage et amitiés à tous.
« We carry the fire », écrit Cormac Mac Carthy dans La route...