Josué Rajpop est un ami de Douarnenez, ses fils ont joué souvent avec mes filles pendant qu’il me parlait de la lente élaboration de son premier documentaire Kab’lajuj imox. Je l’ai rencontré pour la première fois alors qu’il cherchait, avec sa compagne Céline Soun, à trouver un hébergement pour la jeune troupe d’acteurs-animateurs bretonnants et latino-américains de leur association d’éducation populaire La Obra. Je préparais un long voyage à pied, avec ma compagne, avec des ânes et ma fille d’un an, libérant ainsi une petite maison en colocation.
Le projet de Céline était axé sur la libération des peuples par la culture et la défense les langues opprimées. Avec Josué, ils avaient exploré les parties les plus en souffrance du Guatemala, pour proposer ateliers de peinture, échasses, marionnettes géantes, aux enfants de la guerre civile. Dans le Finistère, ils mêlaient le tissu associatif, amateurs et professionnels, à chaque proposition, arts visuels et théâtre participatif, en breton et en langue maya. Ce qui donnait un échange artistique et populaire très singulier et vivant. Au retour de mon voyage de deux ans, une nuit d’octobre 2017, Céline est morte soudainement. Une incroyable solidarité humaine a permis à La Obra de tenir, de se renouveler, et nous avons soutenu Josué, resté seul avec ses deux fils, très loin de sa famille et de ses amis du Guatemala. Josué a poursuivi le travail de La Obra, puis il s’en est peu à peu détaché pour se consacrer pleinement à un travail personnel : la transmission cinématographique des témoignages des survivants de la guerre civile dans le Ixcan, au Guatemala. Son documentaire Kab’lajuj imox est écrit comme une étape essentielle et contemporaine du récit du peuple Maya raconté par lui-même dans le Grand Livre Maya .
Hier, je parlais avec mes enfants, « J’aimerais avoir été enfant comme vous, avoir la possibilité d’apprendre, de faire ce que vous voulez, mais j’ai grandi dans un pays en guerre où toutes les ressources étaient utilisées pour la guerre. » Depuis que je commence à prendre conscience de moi comme humain, je m’interro[...]
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