Gianina Carbunariu, l’une des principales voix émergentes du panorama théâtral roumain et européen, écrit et met en scène depuis plus de 10 ans un théâtre qui nous tient en alerte. Elle découpe au scalpel un portrait hallucinant de nos sociétés « civilisées » qui, communiant dans une illusion de démocratie, s’engouffrent dans la barbarie néolibérale. Face à la confusion des valeurs et à l’incohérence des discours, les citoyens, réduis à l’impuissance, à l’indignation ou à la soumission à un système de normes aberrantes, ne doivent-ils pas construire de nouvelles stratégies de pression efficaces ? Le théâtre de Gianina Carbunariu, en prise directe avec l’actualité sociale et politique, telle une bombe, fait exploser la fiction du discours politique et médiatique. Un théâtre qui nous ôte le confort de l’abri des spectateurs-voyeurs, nous expose au regard des acteurs, nous fait prendre conscience du simulacre de notre participation au jeu social et politique.
Vous avez commencé à écrire et à mettre en scène au début des années 2000. Comment votre écriture s’inscrivait-elle dans le mouvement théâtral du moment ?
J’ai commencé à travailler de façon indépendante. À l’époque en Roumanie, les théâtres n’étaient pas très ouverts à l’écriture contemporaine et encore moins à celles qui, comme la mienne, abordaient la réalité de façon très[...]