À l’occasion de la sortie du nouvel EP de LYOR, slameur parisien bien connu de la revue Cassandre/Horschamp depuis les débuts de 129h et grand ami de son équipe, nous l’avons rencontré fin mars afin de lui parler des vingt ans de ce beau collectif, de son implication dans le monde associatif et de son processus créatif.
Vous fêtez les 20 ans de votre collectif 129h, pouvez-vous nous raconter ses débuts ?
C’était au début des année 2000, nous étions de jeunes slameurs. Nous fréquentions les rares scènes qui existaient à l’époque et nous nous y sommes rencontrés. Nous étions plus nombreux au début, il y avait la présence de Nina Nonyme, Yann Thomas, Neobled, Rouda et moi-même. Nous étions assez mal reçus sur les scènes et nous nous sommes dit qu’il nous fallait la nôtre. On a commencé à en animer une et le collectif s’est créé suite à une première date à laquelle on a été convié. Un festival qui s’appelle « paroles plurielles » à Blois. C’est l’étincelle qui a fait se créer le collectif.
Créez-vous ensemble ou chacun produit-il ses propres textes ?
Nous avons créé ce collectif non comme un groupe, mais comme une réunion d’individualités qui se réunissent de temps en temps pour des projets communs comme la production, la création, mais aussi la structure associative de notre collectif.
On mène des ateliers de slam depuis le début, notre parcours artistique a toujours été accolé à la transmission. L’association s’est créée en 2001 et nous avons mené nos premiers ateliers en 2002 à l’association de "Culture berbère" a Ménilmontant. Nous avions les jeunes du soutien scolaire, on a mis en place une méthodologie avec d’autres slameurs ce qui a abouti à un guide méthodologique, en 2006, qui sert de référence a énormément de slameurs francophones pour mener leurs propres ateliers. Nous avions un laboratoire d’échange avec des slameurs comme Grand corps malade, à l’époque. Nous menons donc ces ateliers depuis quasiment 20 ans maintenant, dans différentes structures : établissements scolaires, hôpitaux, médiathèques, prisons.
Comment ces ateliers se concrétisent-ils ?
On fait des aller-retours entre l’écriture et l’oralité. Notre objectif est de rendre l’écriture accessible à tous. On essaie de rendre ça ludique, le moins scolaire possible même s’il faut évidement travailler et réfléchir. Et la finalité est d’aboutir à une restitution sur scène des textes produits pendant l’atelier.
Votre EP s’intitule Lettre au Néant, une référence à Sartre ?
Tout à fait. C’est une double référence en hommage à Sartre mais également à mon père. Les cover du projet sont des lithographies créées par mon père, il était peintre et travaillait beaucoup sur les aspects philosophiques de la peinture. Il s’était notamment inspiré du travail de Sartre sur l’une de ses séries. À travers les thèmes de mon père, j’ai été très inspiré dans mes thèmes d’écritures notamment sur les questions d’altérité et de temps.
Cet EP s’est-il créé pendant le confinement ?
Non, il y a des textes antérieurs, je suis un peu le slameur le moins productif de la scène (rire). Les textes sont tous de différentes périodes. "Le Palace" a été crée dans le cadre d’une chronique pour la radio Le Mouv’, celle-ci était en lien avec l’affaire du Carlton de Lille, puis en réaction au mouvement Me too.
Le premier titre de l’EP mis en avant est J’bouffe. Il traite de mon rapport au corps, au bien-être, au sport et notre rapport à tous à la consommation. L’idée était de traiter cette question sérieuse de façon légère. Ensuite Pour être heureux, est une recette un peu foirée de comment être heureux dans la vie.
Comment vis-tu cette période de distanciation avec le public ?
Il est difficile de créer un projet musical et de se dire qu’on ne va pas le défendre sur scène. Et puis, aujourd’hui on ne sort plus de projet physique, nous sommes dans un monde dématérialisé, tout est en digital. Je ne suis pas non plus un professionnel de la communication digitale, je fais tout de façon très artisanale ce qui permet malgré tout d’être dans une dynamique de création. Nous avons donc mis ce temps à profit pour monter notre label 129h (lien du site ci-dessous), imaginer et commencer à travailler sur nos prochaines créations.
Clara Hubert
Label : https://www.129h.com/
Lien de commande pour l’EP : https://www.129h.com/label