Dans cette cave d’un immeuble de l’Ouest européen, deux gars qui s’aiment bien, bien obligés, un « prolo » et un « intello », fuyant le même satellite de L’URSS, l’un pour trouver du travail l’autre pour fuir une idéologie qu’il hait. Deux gars aussi pathétique l’un que l’autre, ni plus ni moins que vous et moi. Deux gars qui ont laissé derrière eux leur pays et leur famille et tâchent d’oublier ou de se souvenir d’où ils viennent, ballottés par les tempêtes politiques, entre la raison et le rêve. Le monde est une gare centrale où tous se croisent sans savoir qui ils sont ni où ils vont.
Brecht disait ça à propos de Karl Valentin : « Quand cet homme, l’une des plus pénétrantes figures intellectuelles de notre époque, présente en personne aux âmes simples les rapports qui existent entre la placidité, la bêtise et les joies de l’existence, le troupeau rit et en prend note au fond du cœur. » Je pense à cette phrase quand je revois le paysan-prolétaire des Émigrés du grand Slawomir Mrozek, tentant d’échapper à l’incisive et désespérante intelligence de son compagnon d’infortune, dans [...]