Un jour, j’ai entendu son nom. Mireille Havet. La radio l’a recraché sans que je ne me rappelle réellement pourquoi. Un nom qui n’évoque rien à personne et qui désigne celle qui a écrit qu’il fallait « Aller droit à l’enfer, par le chemin même qui le fait oublier. » (Journal,1919-1924). Née en 1898 à Médan dans les Yvelines, elle mourra avant d’atteindre ses trente-quatre ans dans un sanatorium [3] de Montana en Suisse, dévorée par la tuberculose et la toxicomanie.
Fille du peintre désargenté et méconnnu Henri Havet et de Léoncine Cornillier, Mireille Havet grandit à Auteuil dans une atmosphère bohème et artistique.
En 1907, sa famille déménage à Paris, ville dans laquelle elle passera la majorité de sa vie. Son père meurs en 1913 alors qu’il est interné pour des problèmes psychiatriques. Toute sa vie, l’autrice sera suivie par la peur d’être elle aussi, sujette à des troubles psychiatriques. La disparition du patriarche familial lui offre une grande liberté dans son éducation et dans l’affirmation de son homosexualité.
Elle rédige très tôt des poèmes, des textes en prose et un journal intime qu’elle commence en mars 1913 à l’occasion d’une opération de l’appendicite et qu’elle tient jusqu’en 1929.
Après avoir été renvoyée du collège Sévigné (en raison de ses écrits et de son homosexualité), elle rencontre Apollinaire qui jouera un rôle de mentor à partir d’avril 1913. C’est ce dernier qui publie son conte fantastique - dans Les Soirées de Paris en 1913. Ce texte, ainsi que d’autres poèmes en prose, écrits à 14 ans, sont publiés en 1917 par les éditions Crès. Cela la propulse dans l’intelligentzia parisienne littéraire : de Colette à Jean Cocteau, en passant par André Gide et les premiers surréalistes. La mort d’Apollinaire en 1918, des suites de la grippe espagnole, marquera profondément la jeune femme qui ne cessera d’écrire à propos du drame qu’a été la Grande Guerre en ce qui concerne les pertes humaines.
Durant 14-18, Mireille Havet se réfugie dans sa maison familiale du Colombier. Mais elle revient vite à Paris où elle vivra une vie dissolue marquée par la pauvreté, la drogue (opium, puis cocaïne et morphine à la fin de sa vie) et les escapades dans le Sud.
Elle meurt à l’âge de 33 ans de délabrement physique dû à la tuberculose et à la toxicomanie, abandonnée de ses amis et de sa famille.
La Maison dans l’œil du chat .
« Ma noyade est bien différente. Ma noyade est sur une autre échelle. Elle gardera toujours ce paradoxe étincelant, cette parade de l’intelligence et du contradictoire, ce scandale extérieur et qui se moque des badauds »
Suite à quelques recherches, j’ai été percutée par la force de frappe de ses mots. Nous avons le même âge au moment du récit. Je pars m’installer dans le ventre parisien après avoir grandi en « province », co[...]