Je vous livre ici les mots envoyés par notre ami Serge Pey, poète en action dont vous pouvez lire l’entretien passionnant dans le dernier Cassandre/Horschamp. Écrit au lendemain du vote du plan d’austérité (de mise à mort, devrait-on dire ) du Parlement Grec et de la manifestation à Athènes.
Notes écrites par quelques philosophes grecspour Mikis Theodorakis
Chef d’orchestre,
gazé à bout portant
par un policier anti émeute
hier soir devant l’Acropole
Mikis Théodorakis avait toujours pensé
qu’il était né dans une
ville qui inventa la démocratie
quand Solon annula les dettes des pauvres
envers les riches
il y a longtemps
Mikis Théodorakis avait toujours pensé
que l’espérance était le songe
d’un homme éveillé
qu’il fallait tendre la main a ses amis
sans fermer les doigts
que cet enfant qui buvait
dans le creux de sa main
nous apprenait que nous conservions
encore du superflu
que sans l’espérance on ne trouve pas
l’inespéré qui est introuvable et inaccessible
Aujourd’hui Mikis Théodorakis pense
qu’il se souviendra
de cette citation d’Aristote
Dieu est trop parfait pour pouvoir
penser à autre chose qu’à lui-même
comme un marché financier
Mikis Théodorakis pense
qu’il dirige maintenant
un nuage de grenades lacrymogènes
devant un orchestre
de musiciens-policiers à Athènes
et que
Le plus bel arrangement
est semblable à un tas d’ordures
rassemblées au hasard
Mikis Théodorakis pense
qu’il a été gazé à bout portant
le 13 février par un policier anti émeute
que c’était hier soir
que de loin il voyait l’Acropole
et qu’on avait mis un masque à oxygène
à la musique pour respirer sur son lit d’Hôpital
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Serge PEY
serge.pey chez gmail.com
http://www.sergepey.com/