Il y a des jours où on est gâté, avec quelques perles parmi les deux cents annonces quotidiennes que reçoit une revue culturelle.
Jugez plutôt :
« L’association Ambre International France, Organisme d’Intérêt Général, permet à ses artistes contemporains membres de s’exposer directement dans les locaux d’entreprises partenaires des Alpes-Maritimes et du Var, dans le cadre des lois françaises favorisant le Mécénat culturel.
Fort du succès qu’il remporte depuis 6 ans dans le milieu entrepreneurial, l’ARTour 2010 sera l’occasion d’une nouvelle rencontre Art-Entreprises. L’association présentera également aux visiteurs (sur invitation attitrée uniquement) ses actions d’échanges culturels méditerranéens avec les autres Ambre du pourtour Méditerranéen.
Un ARTour exceptionnel dans un un lieu légendaire et prestigieux du 13ème siècle !
C’est dans ce site unique, privé et fermé au public, qu’une trentaine de Peintres, Sculpteurs, Graveurs, Photographes et autres Créateurs exposeront leurs dernières œuvres aux invités sélectionnés du réseau Ambre.
Par cet évènement intime, l’association Ambre France souhaite guider les chefs d’entreprise résidant en Région PACA et les aider à se transformer en de véritables collectionneurs d’art grâce à la programmation de cette journée innoubliable. (orthographe d’origine, ndlr)
Ainsi, différents thèmes seront abordés lors des conférences :
• L’architecture fantastique dans la peinture
• Comment les métaux rentrent dans la culture contemporaine
• Les opportunités et stratégie d’investissement dans le cadre du mécénat d’entreprise
Et des animations artistiques seront proposées dans l’enceinte de la forteresse. »
Le summum de la hype, aujourd’hui, c’est de réserver une manifestation, dans un lieu fermé au public, à des invités sélectionnés, pour les inviter à rencontrer des Artistes à capitales.
On appréciera aussi le sens du collage surréaliste dans les thématiques des débats. Bon, ils auraient pu faire mieux : par exemple, "Comment les métaux rentrent dans les stratégies d’investissement" ou "Le mécénat d’entreprise, une architecture fantastique".
Cela se passe, il est vrai dans le Var et les Alpes maritimes, où l’on juge bon de censurer une artiste pour crime de lèse-harkis et où un député qualifie Rachid Bouchareb de révisionniste. Lionnel Luca, auquel la SACD a décerné très justement le prix C. de la bêtise, a du souci à se faire.
Mais pas de racisme anti sudistes !
J’en ai autant pour la Lorraine.
Parce qu’il n’y a pas que les mails dans la vie, il y a aussi le fax.
Et c’est par fax que l’association "cultures et communication" (tout un programme) me convie à une "flashmob d’Art contemporain Personnifiée" (qui est personnifiée ??? La flashmob ? curieux comme ces gens adulent les majuscules) pour célébrer "ce nouveau temple international de l’art contemporain" qu’est le centre Pompidou Metz. Cerise sur le gâteau : un "karaoké chorégraphique géant" orchestré par Vincent Chaillé, premier danseur à l’Opéra de Paris (et messin d’origine, précise le communiqué !)
Ce doit être une nouvelle version post-moderne des Comices agricoles du regretté Flaubert, à laquelle je décernerais volontiers le prix Bouvard et Pécuchet (ou le prix Rantanplan ?) Mais comme vous le constatez, la concurrence est vive (et je soupçonne que ce n’est pas fini..)
Valérie de Saint-Do