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(nous) par la Ktha compagnie : Refaire le monde, en 800 questions




Le livret d’un spectacle, même s’il n’est pas lyrique, peut-il s’écrire uniquement en questions, sans la moindre affirmation ? Et lorsqu’on évoque ce spectacle, comment procéder autrement qu’en (se) questionnant, point par point (d’interrogation) ? Ne disent-ils pas eux-mêmes, chez la Ktha compagnie, que le texte de (nous), qui « n’est fait que de questions, est sans doute ce qu’on a de plus honnête à partager » ?
Mais est-ce vraiment d’un « spectacle » qu’il s’agit ? Saviez-vous que cette expérience de rencontre et de questionnement à quelques-uns, cette exploration de notre réalité commune à la fois intimiste et très ouverte, fut d’abord proposée à la Khta compagnie par le festival Pronomade qui veut « inventer les conditions du possible pour ancrer des projets artistiques dans la vie de nos territoires » ?

Alors, me permettez-vous à mon tour de vous poser quelques questions ?
Par exemple, et pour commencer, accepteriez-vous facilement qu’on vous en pose aussi, des questions, alors que vous vous baladez dans ce qu’on appelle les arts de la rue ? Le permettrez-vous aussi quand deux acteurs vous interrogent, dans l’espace public (ou presque), alors que vous étiez venu.e.s voir un « spectacle » ?

Nous Ktha Compagnie

Quelques questions, ça ne vous dérange pas ? C’est donc acquis et c’est formidable, mais est-ce toujours vrai quand ce sont des dizaines, voire des centaines et toujours plus de questions ? Ces questions que vous vous posez intimement, mais que vous refoulez au quotidien, puisqu’il faut bien faire tourner la petite machine de sa vie ?

Êtes-vous prêt.e.s à remettre en question cette mécanique, en petit comité de quarante-cinq convives dont presque tous vous font face ?


Oui ? Non ? Enfin, quoi de plus pertinent que de commencer par l’intime ? « Ça va ? Est-ce que je peux te poser une question ? Est-ce que tu te souviens comment c’est quand on tombe amoureux ? Est-ce qu’il y a un moment pile, un instant où ça arrive ? Est-ce un déclic ? Ou bien est-ce que ça vient doucement ? » Et d’aller, petit à petit, vers des questions parfois très politiques, même si elles sont toujours liées à ce que vous êtes, intimement ? « Pourquoi tu fais ton métier ? /.../ Pourquoi accepter encore ? Comment on accepte encore ? /.../ Est-ce qu’on peut accepter d’être de cette humanité-là ? /.../ Est-ce que tu te souviens de la première fois où tu as vu des militaires en arme dans une gare ?/.../ Et que c’est interdit d’écrire à la craie sur le sol de Paris, tu le savais ? /.../ Ça commence quand, un régime totalitaire ?... »

(nous) Khta Cie © Petite république.com

Comment éviter de nouvelles questions ? Car on peut être surpris par le procédé, mais tout de même, ne fallait-il pas s’y attendre, la parenthèse du « (nous) » symbolisant pertinemment la piste de cirque si minuscule autour de laquelle se serrent ici les invités, dans les gradins circulaires tout aussi intimistes ? Mais la chose la plus étonnante de (nous), n’est-elle pas dans une surprise concernant notre lien aux petits écrans ? En effet, peut-on encore imaginer un spectacle « arts de la rue » où, du début à la fin, aucun spectateur ne sort son smartphone pour prendre des photos ? Le croyez-vous lorsqu’on vous dit que ça existe, et que c’est dans (nous) de la Ktha compagnie que cette chose, désormais inouïe, se produit ?

Nous Ktha Compagnie

Et puis, ne pourrait-on pas se dispenser de certaines questions ? Par exemple : « Est-ce une "critique" quand tout est écrit sous forme de questions ? » Est-ce important ? Et puis, vous me direz sans doute que nous sommes loin des huit cent questions posées dans (nous) ?. Certes, mais voudriez-vous que le temps de lecture corresponde à la durée du spectacle ? Sûrement pas, et donc, êtes-vous prêt.e.s à nous dire si ces quelques lignes vous ont donné envie de tenter l’expérience ?

En espérant que oui, on peut alors enfin quitter le mode questionnant pour « (nous) » rassembler, quarante-cinq par quarante-cinq, dans les gradins mobiles et face aux vraies questions.

Thomas Hahn

Et si vous y alliez ?
les 23 et 24 juin au festival Vivacité (Sotteville-Les-Rouen)
les 7 et 8 juillet à Pontaut-Combault
les 31 août et 1er septembre au festival Eclat(s) de rue à Caen


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