Enfin
des cadeaux intelligents !





   




Un nouveau podcast des Allumeur.e.s sur La Fontanelle !




À partir de ce 30 novembre, vous pourrez retrouver, ici-même, sur la webradio La Fontanelle hébergée et accompagnée par L’Insatiable, le dernier podcast issu du remarquable travail de recherche-création du collectif d’artistes les Allumeur.e.s. En attendant, les précédents podcasts vous y attendent, pour parcourir la mémoire de l’habitat et des habitant.es de l’étonnante cité Émile Dubois à Aubervilliers...


Si je passe devant l’immeuble dans lequel je vis, je peux dire « j’habite là » si je suis dans ma rue, je peux dire « j’habite là-bas, au 12 » ou « j’habite à côté de la pizzeria ».

Si quelqu’un à Aubervilliers me demande où je crèche, j’ai le choix entre une bonne dizaine de réponses. Je ne saurais dire « Quartier Emile Dubois » qu’à quelqu’un dont je sais qu’il connaît ce quartier. Le plus souvent, je serais amené à préciser la situation géographique. Par exemple : « j’habite la cité des 800 » ou « j’habite allée Gabriel Rabot ».

De n’importe où en France (sinon précisément d’Aubervilliers et de ses alentours) je pense être à peu près sûre de me faire comprendre en disant « j’habite Aubervilliers » ou « j’habite en banlieue de Paris ». Rien ne m’interdit d’imaginer que je pourrais aussi dire « j’habite en banlieue de la Ville Lumière »,bien que cela ressemble plus à un début de roman qu’à une indication d’adresse. « J’habite en France » : je pourrais avoir à donner cette information de n’importe quel point situé hors de « l’Hexagone ». « J’habite en Europe ». ce type d’information pourrait intéresser un Américain que je rencontrerais, par exemple, à l’ambassade du Japon à Camberra. « J’habite la planète Terre ». Aurais-je un jour l’occasion de dire cela à quelqu’un ?

Texte librement inspiré de Georges Perec, « Sur quelques emplois du verbe habiter » dans Penser/Classer publié en 1985.

L’habitat paraît si insignifiant au regard de ce que nous habitons de plus grand : notre planète, pourtant il demeure fondamental pour se construire. Habiter. Résider, c’est arrêter un mouvement, mettre fin à l’effort. L’espace domestique permet aussi la projection vers un ailleurs.

Bâtir
Habiter
Penser

sont intimement liés.

Habiter un lieu, c’est devenir familier avec lui, c’est comme apprendre à connaitre quelqu’un. Même lorsque nous quittons cet habitat, cette connaissance spatiale nous reste en mémoire, ses spécificités et anomalies restent en nous, car elles ont créé des habitudes. La luminosité qui pénètre l’espace,
l’angle d’un mur particulier qui nous oblige à mettre un meuble ici plutôt que là. Une porte qui se claque mal,
une poignée de fenêtre condamnée.
Un four qui ne peut plus être réglé au bon thermostat.
Un store dysfonctionnel,
le réglage d’un robinet qui goutte,
l’inclinaison d’un interrupteur tatillon,
une serrure montée à l’envers qui nous oblige à contredire notre logique d’insérer la clé.

https://fontanelle.linsatiable.org/discography/agora-socio-histoires-des-arts-de-faire/

Crédits photos Les Allumeur.e.s

Le site des Allumeur.e.s


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