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Quand la musique pose

Tournée générale



Après cette période d’isolement, « Tournée Générale » sonne comme des retrouvailles amicales autour d’un verre. Parce que la musique et la culture nous ont accompagnés pendant ces deux mois, et qu’elles nous accompagneront toujours, mais ce qui nous a manqué c’est les autres, l’alchimie d’un public devant les concerts, la musique vécue ensemble.

Photos d’ensemble, peintures et gravures d’Emmanuel Mousset, Jill Chauvat et Pierre Gregori, Tournée Générale © Yellow Cube Gallery - 2020

À la Yellow Cube Gallery à Paris, nous nous apprêtons à entrer dans un magasin de vinyles, tous les codes y sont, pochettes d’albums au mur, goodies d’un groupe nommé Contrebande, t-shirts imprimés du nom de leur « Tournée Générale », des affiches aux pin’s, en passant par une platine qui trône sur ce meuble en palette jaune citron, au centre de la pièce. Au plafond, cette peinture jaune illumine le lieu, cette galerie réinvente en quelques mètres carrés le traditionnel « white cube ». Le mobilier et l’entourage de fenêtre sont jaunes, pas de doute, on ne nous a pas trompés sur la marchandise !

La Yellow Cube Gallery porte bien son nom. Créée en 2018 par Roxanne Hémery, peintre franco-finlandaise née en 1993 dont le parcours se divise entre la France et l’Angleterre, où elle étudie la peinture à l’Art Academy de London Bridge et se forme parallèlement en médias de la communication à l’université de Paddington Arts Westminster. De retour à Paris, elle étudie les arts plastiques et les créations contemporaines à l’École des Arts de la Sorbonne. Passionnée par le street art, il était naturel pour Roxanne d’installer sa propre galerie dans le 13ème arrondissement, cœur battant de l’art urbain à Paris.

Peinture d’Etienne Boissier Tournée Générale © Yellow Cube Gallery - 2020

Contrebande c’est l’association de deux collectifs qui parlent le même langage, La mafia des artistes, trio composé d’Etienne Boissier, Pierre Gregori, Lounys Ereska, et le groupe 75070 de Woorim Moon et Emmanuel Mousset. Ces cinq artistes, autodidactes pour certains, issus d’écoles d’art pour d’autres, s’inscrivent dans des pratiques indépendantes. Trois artistes exposés plus une invitée, Jill Chauvat. Emmanuel Mousset et Jill Chauvat sont diplômés de l’École Supérieure d’Arts et Médias de Caen en 2018. Peintre et sculpteur, Emmanuel porte un intérêt particulier au quotidien, à la ville, au sport, aux passants. Une figuration abstraite, où des visages et mouvements surgissent sans cesse. Sa sensibilité et son langage mettent en lumière l’esthétique du quotidien, balayeurs, policiers, téléphones portables, ballons de foot, chaussures, et vêtements.
Jill Chauvat est peintre et dessinatrice, elle use de sa culture musicale et cinématographique pour questionner la notion de montage et celle de nostalgie. Elle utilise le découpage, la séquence, la mise en liste pour illustrer son rapport au temps. Mis à part des fragments, que sont nos souvenirs ?
Étienne Boissier est un artiste plasticien, entre néo-expressionisme et art brut, inspiré par le graffiti, ironique ou sérieux, l’autobiographie surgit d’une approche picturale. Pierre Gregori, influencé par le tag s’imprégne de culture street art, photographie, peinture, dessin et vidéo, il fabrique un art urbain conceptuel interactif et onirique.

Photos d’ensemble, Tournée Générale © Yellow Cube Gallery - 2020

Discographie picturale et générationnelle

La Yellow Cube Gallery conserve et Contrebande converse. Ces trois peintres dialoguent à partir d’un langage personnel et pourtant commun. Nous sommes face à un mur comme chez le disquaire, un étalage mural d’une trentaine de jaquettes. L’œil voyage.
Entre fétichisme et nostalgie, ces toiles 30x30, format pochette vinyle, donnent à voir les albums qui ont marqué leur adolescence, une compilation de peintures, des musiques allant des années 80 aux années 2000. On voyage à travers ces 30 dernières années musicales, des albums piqués à leurs parents aux découvertes personnelles, ce qui a forgé leur goût, leur univers et leur jeunesse. De Korn à Muse, Laurent Garnier, Dr Dre, Grace Jones, Nirvana, Oxmo Puccino et d’autres.

Peinture d’Emmanuel Mousset, Tournée Générale © Yellow Cube Gallery - 2020

Pochettes d’album dessinant leurs identités, devenues aussi importantes que les créations musicales. Une diversité esthétique où les trois de Contrebande, se réapproprient ces jaquettes à partir de leur propre genre, leur propre geste, proche du Bad Painting [1]. On ne dissocie pas réellement de qui provient chaque peinture, c’est un ensemble. Au-delà de leurs goûts personnels, de l’individualité, de leurs choix, la musique reste générationnelle, on pourrait penser à la discographie d’une seule et même personne ou bien d’une génération entière. Ces trente œuvres prennent vie sous le même sujet et conquièrent leur indépendance de la réappropriation et interprétation d’albums qui ont marqué leur jeunesse. Certains laissent apparaître les titres, le lettrage, tandis qu’un autre épure pour ne conserver que le sujet principal du support, une figure humaine, un logo. La seule manière de différencier ces trois identités, c’est la tranche de la toile, chaque peintre a sa manière de traiter ce petit espace latéral. L’un la laisse nue, un autre la recouvre de couleurs, l’autre de noir. En étant attentif, on perçoit des techniques différentes, de la peinture à l’huile à l’acrylique, le rendu est brillant ou mat.

Du street art à la toile

Tous issus de l’art urbain, leurs références picturales tendent vers la peinture expressionniste allemande jusqu’au fauvisme, en passant par le bad painting. L’art urbain est individuel et collectif, à la fois anonyme parce qu’illégal, mais relevant malgré tout d’une identité individuelle, et du nom d’un crew démasquable.

Pierre Gregori, Tournée Générale © Yellow Cube Gallery - 2020

Artistes démasqués

Pierre Gregori propose une frise, collection de sacs en craft devenus masques. Découpés de part et d’autres, on pourrait les enfiler. Cette frise met en exergue ces artistes musicaux qui se cachent derrière une tenue d’apparat. Masque, casque, maquillage ou cagoule, Daft Punk, Slipknot, Kiss, ou encore MF Doom, Stupeflip, Pussy Riot. Ils incarnent des personnages et passent par l’anonymat afin de conserver leur réelle identité ou cultiver le mythe. Comme les pochettes d’album, la tenue de scène fait partie intégrante de la culture musicale. À voir ces masques, on rêverait à une performance de sacs portés telle une procession. Une discographie générationnelle animée, un tableau vivant, une nostalgie réelle défilant sous nos yeux comme nos souvenirs, de ces concerts, de ces albums et de trajets en voiture, d’une époque.

Marine Lemaire

Exposition Tournée Générale
Yellow Cube Gallery
78, rue du dessous des Berges
75013 Paris

Gratuit - Du 21 juin au 11 juillet 2020

Métro : Bibliothèque François Mitterrand
Du mardi au samedi de 12h00 à 19h00
Le finissage est le 10 juillet de 18h à 22h

Les artistes nous proposent une playlist de l’exposition, avec une sélection de chaque musique favorite dans chaque album présenté :
https://www.deezer.com/fr/playlist/7358828984 "

Si vous voulez suivre leur travail, vous pouvez les retrouver ici :

Étienne Boissier : https://www.instagram.com/gonzolenfantsale/

Jill Chauvat : https://www.instagram.com/jillchauvat/

Pierre Gregori : https://www.instagram.com/repier1/

Emmanuel Mousset : https://www.instagram.com/emmanuel.mouss/

Si vous voulez suivre le galerie :

https://yellowcubegallery.bigcartel.com

https://www.facebook.com/yellowcubegallery/


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