Quand je lui avais demandé, en 1998, invité chez lui à Moscou, d’où venait l’expression de sa violence, de sa rage, il m’avait parlé de son expérience de la conscription en Ukraine. C’était encore l’URSS, et dans la République Soviétique Socialiste d’Ukraine, le jeune paysan ukrainien avait du se soumettre aux humiliations d’une armée en déliquescence, celle qui a été vaincu sans combattre et dont la violence se retournait alors contre elle même.
Dans la liberté nouvelle de la Perestroïka, l’artiste galeriste monté de Kiev, mordait nu les passants moscovites. Depuis la performance s’est accompagné d’une cage, ou d’une grange, dans laquelle Oleg aboie et cherche au travers les planches des rayons de lumière. Oleg Koulik ne s’affirme pas en tant qu’artiste ukrainien, mais comme un chien d’humain, mais son parcours rappelle la rage contenue d’un peuple longtemps nié et le fait que d’une violence subie, nait la violence d’être libre. Vouloir s’occuper de l’autre en l’ignorant, c’est ce que fait aujourd’hui la Russie comme l’Occident dans la grange ukrainienne.