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Que va-t-il se passer le 21 juillet à Aubervilliers ?




Ça fait de longues années que Les Allumeur.e.s, valeureux membres du collectif d’artistes qui anime la Villa Mais d’Ici, s’intéressent de très près à ceux qu’on nomme les Rroms, notamment ceux qui campent à Aubervilliers, mais pas seulement. Des années qu’ils les accompagnent dans un dispositif de recherche-action au long cours et s’efforcent de les faire mieux connaître avec Dukreben (la bonne aventure). Cette exploration à la fois savante et sauvage, mi-parcours artistique, mi-installation, qu’ils ont inventée en 2012, permet d’aller au-delà de toutes les idées préconcues, celles qui enjolivent comme celles qui enlaidissent et de rencontrer, non des images seulement, mais des humains. Cette fois, le 21 juillet 2018, ils sont invités par La Semeuse aux Laboratoires d’Aubervilliers. Ce sera la deuxième édition de Dukreben. Voilà comment ils présentent l’affaire…

Au Centre d’Hébergement d’Urgence d’Aubervilliers.

Que va-t-il se passer durant cette journée ? On ne sait pas. Tout ce qu’on sait, c’est que ça va être un moment rare, un moment partagé autour de ceux qu’on nomme les Rroms. Un moment pas tout à fait prévisible, comme il se doit, inventé par Les Allumeur.e.s, à l’invitation de La Semeuse aux Laboratoires d’Aubervilliers, dans le fil de leur projet Dukreben.

Au Centre d’Hébergement d’Urgence d’Aubervilliers.

On va donc, c’est logique, allumer et semer.

Allumer quoi ? Nos imaginaires, et les vôtres on espère. A partir de ce qu’on sait des cheminements inextricables et parfois tragiques suivis par ces peuples venus du Rhajastan il y a 10 siècles. À partir de leur tentative quasi-héroïque et en tout cas toujours très courageuse, dans le temps et jusqu’à aujourd’hui, de ne pas perdre en route le sens de la liberté particulier qui est le leur.

À partir de leur goût violent et joyeux de la vie vivante et imprévisible qui passe par des pratiques souvent étranges aux yeux des sédentaires, mais aussi par l’invention de formes d’art passées au moulin de ce que le grand Édouard Glissant nommait la « créolisation », ce fruit inattendu de la rencontre des cultures.

Semer quoi ? Le désir de connaître l’autre qui nous poussera à agir solidairement avec lui, de le prendre en considération avec lucidité, en connaissance de cause, en voisins, en cousins, en ancêtres peut-être. De le percevoir pour de vrai au-delà des légendes et des imageries enjôleuses qui empêchent souvent de capter le réel, de questionner les stéréotypes aussi bien idéalisants que racistes, véhiculés à son propos depuis de nombreux siècles.

Et on va les entendre ! Pour eux et avec eux, en leur honneur, on va entendre de la musique, de la poésie, de la philosophie, et leur propre parole s’ils veulent bien, et la vôtre aussi, si vous aussi le désirez. Une scène ouverte permettra à tous ceux qui le souhaitent de chanter, dire, déclamer, jouer, proférer, mixer, danser et découvrir les autres, leurs sons et leur parole… Chacun participera à cet ensemble. Ce sera une création partagée.


La philosophie des Allumeur.e.s

Les Allumeur.e.s sont un groupe d’action artistique qui s’investit dans une démarche culturelle militante. Ils défendent un art tourné vers la transdisciplinarité et l’aléatoire désacralisant l’artiste et l’œuvre.
Les Allumeur.e.s se proposent de produire des œuvres qu‘ils réinterprètent au fil du temps. Transdisciplinaires et rhizomiques - à racines multiples - ces oeuvres évoluent au gré d’expérimentations, de collaborations. Ils souhaitent que leurs projets s’étendent, se partagent, se développent et se diffusent pour poursuivre les rencontres amorcées avec différents publics, dans différents lieux et s’ouvrir à toutes les mutations possibles.

Dans le village d’Insertion Rrom de St Ouen en 2012.

Voyant l’art comme un outil de dialogue permettant l’élaboration d’une pensée collective entre eux et avec le monde, ils prônent un art accessible à tous. Ils mettent au cœur de leur démarche des actions artistiques, participatives et culturelles en prise directe avec le réel, entre esthétique et politique. Ils s’adressent depuis plusieurs années de manière privilégiée à des publics éloignés de l’offre culturelle classique. Ils utilisent les médiums artistiques pour valoriser la singularité et l’universalité. Le travail plastique, vidéo et scénographique des Allumeur.e.s, croisé avec la production participative, cherche à créer une proposition cohérente avec des objets multiples et hétérogènes. Un dialogue s’instaure entre les œuvres, miroirs des croyances et de l’histoire de chacun. Assemblées, elles figurent un objet symbolique et hybride à l’image de nos sociétés contemporaines, ouvertes sur un monde qui bénéficierait d’une créolisation selon les voeux d’Edouard Glissant, le penseur de l’identité-nomade. Les Allumeur.e.s souhaitent que leurs créations participatives permettent à chacun d’échanger, de se questionner et d’interroger son propre rapport à l’art, à l’autre, au monde.


LA DEMARCHE DE L’INSTALLATION “DUKREBEN la bonne aventure” :

Le dispositif artistique « DUKREBEN la bonne aventure », parle de la mémoire de la population Rrom de la Seine-Saint-Denis à travers sa culture, ses rites et sa magie.
De nombreuses études sociologiques et ethnologiques de grande qualité lui ont été consacrées. En tant que plasticien(ne)s, notre approche s’inscrit dans une démarche plus transversale.

Pourquoi avons-nous choisi de faire un travail artistique sur et avec les Rroms ?

Il y a, à l’égard de ce peuple, à l’origine incertaine, sans doute indienne, un imaginaire populaire fantasmatique qui va du nomade aux semelles de vent au montreur d’ours ou au voleur de poule, du ferrailleur ou de l’étameur à la diseuse de bonne aventure ou à la danseuse flamenca. Cet imaginaire est renforcé par l’ignorance de leur organisation sociale, de leurs coutumes, de leurs croyances, de leur histoire, de leur manière d’être et de vivre. Pour la chercheuse Claire Auzias, « L’hospitalité qu’il serait temps de lui prodiguer (au peuple Rrom ) pourrait créer les conditions d’un échange égal où l’opposition que le Rrom moyen se croit obliger de manifester à un gadjo, par impératif identitaire ou par idéologie, se résoudra en redéployant sa présence au monde ».

C’est dans l’esprit d’un tel échange, éminemment souhaitable, que nous sommes allé(e)s à la rencontre de la réalité quotidienne de leur société et de leur civilisation.

http://www.villamaisdici.org/DUKREBEN-La-bonne-aventure


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