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Il y a des rencontres essentielles dans la vie qui font que lorsque vous en sortez vous êtes différent. C’est ce qui s’est passé quand j’ai rencontré Jack Ralite au début des années 70 lors d’une exposition d’affiches politiques. J’étais un jeune cinéaste et je venais de réaliser un court métrage,"l’Agression". Il s’agissait de l’agression d’un travailleur immigré assassiné par trois jeunes gens. Ce "fait divers"avait fait l’objet d’un court entrefilet dans ’le Monde" et j’en avait fait un film court qui avait aussitôt été interdit par la commission de censure du centre national du cinéma.
Lors de cette exposition Jack s’est tourné vers moi et m’a dit ; Tu vois il manque sur ces murs une affiche ;"L’Affiche Rouge" et j’ai lu dans son regard l’expression de quelque chose d’extraordinaire qui d’une certaine manière a changé ma vie de cinéaste. En m’invoquant la vie de Missak Manouchian et des résistants immigrés, de cette affiche rouge collée sur les murs de Paris par les services de propagande de la gestapo, il me mettait sur la voie d’un film qu’il était urgent de réaliser.
Quand Jack s’adressait à vous, chacune de ses paroles était chargée de son poids de désir, toujours reliée à une histoire, à une expérience humaine. Tout comme Missak Manouchian ,Jack était tourné vers la vie et il a toujours été pour moi un exemple. J’ai eu la chance de le connaître.
frank cassenti